jeudi 1 février 2007

Honeste vivere, etc.

Peut-être ai-je été un peu acide dans certains messages précédents. Mais, pour accompagner les tomates (ou les cactus?), les américains méritent aussi des fleurs. Jamais je n’avais habité dans un endroit où les gens sont aussi polis. Les gens s’excusent constamment, pour tout et pour rien - au point où on finit par les imiter de peur de paraître impoli! Certains y voient peut-être un manque de confiance, j’y vois de la courtoisie. Je n’avais jamais vu de piétons s’excuser d’avoir traversé à un passage à niveau alors que je passais en vélo...

Prenons l’exemple classique d’incivisme (surtout à Montréal et Paris): la rage au volant. Pas de ça ici. Quand je circule en vélo sur un boulevard à quatre voies, c’est à peine si les automobilistes osent me doubler par la voie du centre... et encore, ils le font généralement à 30 km/h! Et à ceux qui me diront que l’automobiliste est bon mais que c’est la route qui le corrompt, je réponds que les routes ne sont pas moins larges à Oshawa ou Évry qu’à Tucson.

Passons à un autre examen, que certains pays - que je n’ai pas besoin de mentionner - échouent avec un zéro pointé: l’attitude des vendeurs dans les magasins. J’ai perdu le compte du nombre de fois où je me suis fait demander: Are you finding everything you’re looking for? Aussi, les caissiers regardent le nom sur la carte de crédit pour pouvoir dire: Thank you, Mr. Morissette. Et attention, il n’y a pas de magasin Gucci ou Mont Blanc à Tucson: je relate mes expériences au supermarché et au Wal-Mart.

S’il est vrai qu’à la télé, les jurons sont censurés, nul besoin de le faire dans la vie de tous les jours: on en n'entend quasiment jamais. Et pour ce qui est des détritus qui jonchent trop souvent nos villes, ici, je continue à les chercher. Bref, peut-être que les Américains jouent maintenant aux quilles tous seuls, mais ils ont quelques leçons de civisme à nous apprendre...

Honeste vivere, alteram non laedere, suum cuique tribuere.
- Justinien, Instituts, livre I, titre I, art. 3

4 commentaires:

Anonyme a dit...

une fois de plus, la civilité a bien meilleur goût et c'est gratuit!
B bleue

M-A a dit...

Salut Julien. Blogue très intéressant. Est-ce que la politesse que tu constates est en grande partie liée à ce que plusieurs considèrent la " culture du mid-west" et du Sud États-Uniens, ou dit autrement le saaaathern hospitality

A+

Anonyme a dit...

et moi qui croyais que les quebecois etaient justement polis? en meme temps je suis biaisee, j'ai vecu a Paris, alors tout parait plus doux hors perif... ;-)
f.

Anonyme a dit...

Lors de mes voyages à Chicago, New Orleans, Boston, Provincetown et Philadelphia, j'ai pu faire les mêmes constats qui, ironiquement, perforent (allusion non-dissimulée avec l'épée que privilégie notre interlocuteur) la bulle qu'entretient la conscience collective canadienne. J'ai toujours trouvé les américains d'une politesse de rigueur, les stéréotypes attestant d'une prétentue attitude hautaine qui meublerait l'attitude impérialisante américaine s'avérant plus souvent qu'autrement l'exception.

Marc-André, je crois qu'il serait juste de voir, au Mid-West et au Sud, une propension plus grande vers la politesse qui, on pourrait le supposer, tire ses racines d'une culture anglo-saxone assez respectueuse d'une stabilité sociale et désireuse d'une paix sociale et interpersonnelle basée sur un respect d'autrui (et non imposée par des conceptions égalitarisantes républicaines). Cela dit, cette tendance s'était manifestée un peu partout aux États, quoiqu'on ne peut du tout parler d'absolus. J'ai certainement rencontré des gens moins serviables qui s'inscrivent dans une conception probablement différente vis-à-vis du "savoir-vivre", pour le dire poliment.