jeudi 22 février 2007

Histoire de dire

Le passé de Tucson est un mélange d’histoire glorieuse et d’amnésie profonde. Cette région est la première des États-Unis a avoir été colonisée par les européens (des espagnols), avant la fondation de Québec et l’arrivée des pilgrim fathers à Plymouth. Pourtant, la ville d’aujourd’hui est à peu près aussi vieille qu’un nouveau-né.

Ce qui est aujourd’hui le sud de l’Arizona et du Nouveau-Mexique fut le dernier territoire bénéficiaire (ou victime) de la Manifest Destiny - acheté au Mexique pour dix millions de dollars en 1853. Cette transaction, connue sous le nom de Gadsden Purchase, a fait de la région un pays neuf. Mais les colons ne se sont pas bousculés au portillon; l’aridité de la région la rendait inhospitalière. Les agriculteurs ne voulant pas répéter l’expérience de l’Oklahoma, la région est restée presque vide. Seule le chemin de fer transcontinental et les desperados l’attaquant rendaient l’endroit vivant...

Tucson s’est vu attribuer la première université territoriale en 1885, comme prix de consolation - Phoenix s’était vu accorder un hôpital psychiatrique mieux doté! La ville a grandi lentement, très lentement... il y avait moins de 40 000 habitants en 1945. Le changement incroyable depuis se résume en deux mots: Sun Belt. Retraités et entreprises de haute-technologie ont transformé la ville, qui a aujourd’hui un million d’habitants.

Il n’y a rien de vieux à Tucson. Les quartiers historiques existent sur les plans, mais ils sont à peu près aussi historiques que votre walkman des années 80. Et cela tient du miracle de rencontrer quelqu’un qui est né à Tucson. Sans doute que les boulevards et strip malls seront un jour historiques, mais ce jour n’est pas encore arrivé!

Arizona has a long history and a short memory.
- Chandos

vendredi 9 février 2007

Fencin’ USA

So how should I stay in shape in burger-nacho land? My residence has the usual treadmills and stair masters, which are good enough to keep me in shape - for about two minutes. The machines have nice personalities, but we just don’t have chemistry together. Fortunately, I had a long standing back-up plan.

Before coming to Arizona, I had decided to import a hobby from home: fencing. The challenge is that fencing alone is even less interesting than bowling alone. So I hit the Internet. Surely, a university that values sports enough to have a 56,000 seat stadium will have a fencing team or club... or not. I discovered the U of A was fencerless, but the same research also provided another hit: the Arizona Fencing Academy.

Upon arriving in Tucson, I phoned the number on the website. A sturdy voice told me to come to an address on Broadway Boulevard - I can now say I’ve fenced on Broadway! A few days later, I show up. The address corresponds to an industrial strip mall, with a Christian right billboard on top of it.

Between a taco stand a VCR repair business, there are tinted windows and a door with small glued-on letters: AFA. When I push the door, touché meets U-Haul. An industrial space has been converted into a large fencing gym, with modern equipment. Since that discovery, I have been going twice a week. The coach, to whom I had talked on the phone, is indeed sturdy - and she knows what she wants. Let me tell you, that fencing coach trait simply transcends borders...

Perhaps FedExing my fencing bag across North America was geeky. But you have to admit that there is something cool in being able to say: I got speared in Sonora.

L'esprit ne peut rien contre l'épée, mais l'esprit uni à l'épée est le vainqueur éternel de l'épée tirée pour elle-même.
- Albert Camus

jeudi 1 février 2007

Honeste vivere, etc.

Peut-être ai-je été un peu acide dans certains messages précédents. Mais, pour accompagner les tomates (ou les cactus?), les américains méritent aussi des fleurs. Jamais je n’avais habité dans un endroit où les gens sont aussi polis. Les gens s’excusent constamment, pour tout et pour rien - au point où on finit par les imiter de peur de paraître impoli! Certains y voient peut-être un manque de confiance, j’y vois de la courtoisie. Je n’avais jamais vu de piétons s’excuser d’avoir traversé à un passage à niveau alors que je passais en vélo...

Prenons l’exemple classique d’incivisme (surtout à Montréal et Paris): la rage au volant. Pas de ça ici. Quand je circule en vélo sur un boulevard à quatre voies, c’est à peine si les automobilistes osent me doubler par la voie du centre... et encore, ils le font généralement à 30 km/h! Et à ceux qui me diront que l’automobiliste est bon mais que c’est la route qui le corrompt, je réponds que les routes ne sont pas moins larges à Oshawa ou Évry qu’à Tucson.

Passons à un autre examen, que certains pays - que je n’ai pas besoin de mentionner - échouent avec un zéro pointé: l’attitude des vendeurs dans les magasins. J’ai perdu le compte du nombre de fois où je me suis fait demander: Are you finding everything you’re looking for? Aussi, les caissiers regardent le nom sur la carte de crédit pour pouvoir dire: Thank you, Mr. Morissette. Et attention, il n’y a pas de magasin Gucci ou Mont Blanc à Tucson: je relate mes expériences au supermarché et au Wal-Mart.

S’il est vrai qu’à la télé, les jurons sont censurés, nul besoin de le faire dans la vie de tous les jours: on en n'entend quasiment jamais. Et pour ce qui est des détritus qui jonchent trop souvent nos villes, ici, je continue à les chercher. Bref, peut-être que les Américains jouent maintenant aux quilles tous seuls, mais ils ont quelques leçons de civisme à nous apprendre...

Honeste vivere, alteram non laedere, suum cuique tribuere.
- Justinien, Instituts, livre I, titre I, art. 3