Vous connaissez tous les clichés: les films (bandidos et sombreros), les tabarnacos (plages et margaritas) et les cartels (Tijuana et Juárez). Mais connaissez-vous le Mexique?
Je suis allé pour la première fois au Mexique en 1997, dans le cadre d’un échange scolaire. Bien loin de Cancun et de Tijuana, je me suis retrouvé à Tepotzotlán, en grande banlieue nord de Mexico. À défaut de plages ou de traffics douteux, je me suis rendu compte que le Mexique des films n’était pas très loin de la réalité, bandidos en moins.
Même dans le cœur urbain du pays, on sentait le fossé qui séparait ce monde de l’Occident. Les infrastructures en mauvais état. La pauvreté apparente. La pollution. La corruption.
Accélérez le film de dix ans. Par pure coïncidence, je suis arrivé au Mexique dix ans jour pour jour après le début de mon premier voyage. Première constatation: tout le monde jacte avec son téléphone cellulaire. Je n’ai pas souvenir d’en avoir vu un seul pendant mon dernier séjour, en 1998. Le développement économique est apparent. Il y a plus de panneaux publicitaires le long d’un kilomètre d’autoroute à Mexico que sur Piccadilly Circus et Times Square, combinés. Et certaines marques nous sont familières: voulez-vous ouvrir una cuenta con la Scotiabank?
En plus d’un peu de temps à Santa Barbara (le pueblo où habitent mes amis mexicains), nous avons fait une excursion à San Miguel de Allende, dont je n’avais jamais entendu parler. Je m’attendais au charme suranné qu’on beaucoup de villes du Mexique central. Rien avoir avec la réalité. Au centre-ville, une bonne moitié des voitures avaient des plaques étrangères, du Texas et de la Californie, mais aussi de l’Ontario! Le principal journal de la ville est...en anglais. Quant au marché des restaurants, il est dominé par... les spaghettis. Lasagne, in, tacos, out.
Même les vieux classiques sont remis au goût du jour. À Dolores Hidalgo (où Miguel Hidalgo y Costilla a prononcé son célèbre grito de la independencia, sorte de proclamation d’indépendance, version curé, en 1810), le musée à la gloire du père de la nation est décoré de grandes fresques à faire frémir Rivera, Kahlo et les autres. Difficile de décrire le style. Nouvel âge? Gothique? Post-moderne? Ce qui est sûr, c’est qu’on a plutôt l’impression que c’est une vedette du rock dans un vidéo-clip avec beaucoup trop d’effets spéciaux.
Pour marquer mon passage, mes amis ont décidé de m’emmener au rodéo en ajoutant: « Ce n’est probablement pas le rodéo que tu imagines. » Lorsque nous arrivons au Rodeo Santa Fe à Tlanepantla de Baz (en banlieue nord de Mexico), il n’y a ni fête foraine, ni grande arène. C’est un grand bâtiment avec une entrée rappelant celle des bars d’ici, l’affiche « Nous n’acceptons pas d’armes à feu à la consigne » en plus. C’est en fait un énorme bar-discothèque. La plus grande salle (de la taille de trois ou quatre arénas de hockey) est réservée à la musique mexicaine ‘traditionnelle’: les cuivres, la guitare, etc. Pour ceux qui préfèrent les cocktails à la Corona, il y a aussi une salle merengue, et aussi bien sûr une salle de boum-boum réglementaire. Jusque là, à part le gigantisme, rien de spécial. Vers minuit, annonces à 115 décibels: c’est l’heure du rodéo! Hein!? Mouvement de foule et tout le monde (peut-être 1500 personnes) se retrouve dans... l’arène attenante au bar. Même pas besoin de sortir dehors, tout est intégré. Chapeaux de cowboys, jeans, bottes de cuir, chemises à carreaux, bière, et - aussi - un véritable rodéo. Les chevaux sont féroces, mais les vaqueros sont aguerris. Suit une course avec des membres de l’auditoire. L’épreuve: courir-le-plus-vite-possible-avec-une-demoiselle-dans-les-bras-alors-que-j’ai-déjà-trop-bu-de-Corona. Certains (et surtout certaines) ont mordu la poussière. Pour les gagnants, un prix sortant vraiment de l’ordinaire: plus de Corona!
C’est vrai, les mexicains mangent encore trop de tortillas. Mais on n’a plus le Mexique qu’on avait...
South of the Rio Grande, there’s the Rio Bravo.
- Chandos
vendredi 29 février 2008
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