lundi 31 mars 2008

Grand est un petit mot ridicule

Sourcière, cibliste, sorcière ou simpliste, parfois la traduction ne rend pas justice à l’original. Prenez le Grand Canyon... quoi de plus naturel que de traduire the Grand Canyon par le Grand Canyon? Pourtant, j’ai pu constater qu’il devrait plutôt s’appeler L'EXTRAORDINAIRE GIGANTESQUE CANYON.

Un petit rappel géographique... le Grand Canyon se situe dans le nord de l’Arizona et a été creusé dans un immense plateau par le Colorado. Une vingtaine de kilomètres de large et plus d’un kilomètre et demi de profondeur. Et un sentiment d’espace sans limite ni échelle. Le seul autre endroit que je connaisse donnant une telle sensation est le Mirador de la Curota, près du Cap Finisterre, en Espagne. À preuve: croyant voir un oiseau - il y a plusieurs espèces rares dans le canyon - j’ai sorti des jumelles pour me rendre compte qu’il s’agissait... d’un hélicoptère!

Hormis les promenades chèrement payées en oiseau de fer, on peut aussi faire de la randonnée à pied, du canot sur le Colorado et des promenades sur une mule. Je me suis limité à la marche. Quant au ‘village’ du Grand Canyon, c’est une petite ville du côté sud qui dessert les touristes: hôtels, supermarché, bureau de poste, clinique médicale... gérés essentiellement par le secteur privé, mais sans défigurer le site. Un trop rare exemple de capitalisme bien contrôlé?

La région regorge de sites naturels spectaculaires et l’impression d’espace est d’autant plus extraordinaire que les arbres se font rares, sauf en altitude. Au milieu de l’immense réserve Navajo, le Canyon de Chelly est une sorte de combinaison de Vallée du Nil et de Grand Canyon. Au fond du ‘trou’, les Navajos pratiquent l’agriculture depuis des siècles.

Mythique pour les amateurs de Western, Monument Valley est un endroit hors du temps. Un seul hôtel dans un rayon de 30 kilomètres autour du site. Pas un arbre et à peine assez de graminées pour quelques vaches égarées. Et aussi, ou peut-être surtout, le fantôme de John Wayne, qui pâlit un peu quand on réalise qu’il n’y a dans cette ‘vallée’ ni bisons, ni cheyennes, ni étendues prenant des semaines à traverser.

Je recommande le mois de mars: il y avait encore de la neige dans les fourrés, mais on pouvait se promener en manches courtes. Et que dire des étonnants arbres millénaires de Petrified Forest National Park, des couleurs du Painted Desert et du silence de Valley of the Gods... Oubliez Las Vegas, allez au Grand Canyon!

Traduttore, traditore.
- Expression italienne