dimanche 8 avril 2007

Le spectacle est où???

À chaque contrée sa religion. L’Ouest Américain, terre de preachers? Peut-être. Terre de basketball? Certainement! Le niveau d’obsession pour le petit ballon orange qui rebondit s’approche de celui des étudiants en droit concernant leurs notes, ce qui n’est pas peu dire. Intéressé à défaut d’être catéchumène, il fallait que j’assiste au rituel en personne au moins une fois. N’aurait pas été digne de cette université un étudiant de passage ne faisant pas l’effort de rencontrer le couple de mascottes de l’université, (le très intimidant) Wilbur Wildcat et (la plus douce) Wilma Wildcat.

Il aurait été plus facile pour moi d’entrer dans une église, une mosquée, un centre nouvel âge ou un complexe d’allées de quilles. Certaines religions sont en perte de vitesse, mais pas celle du slam dunk. En gros, les adeptes ont deux choix. Il est possible de faire sa confirmation sans attendre: acheter un billet de saison à un prix ne défiant pas la concurrence... puisqu’il n’y a pas d’équipe de sport professionnelle à Tucson. La seule autre option: se conformer aux 287 commandements de leur site Internet et espérer qu’il reste des places 3 ou 4 jours avant le match, seul moment où les goys ont le droit d’en acheter.

Comme la session d’hiver correspond à la fin de la saison, aucun intérêt d’acheter un billet de saison. J’ai donc rameuté quelques amis et attendu la date fatidique, quatre jours avant la partie UA - University of Washington. Comble de chance, le grand manitou contrôlant le site des Wildcats m’a permis d’acheter des places. Mais le choix était limité: general seating ou... general seating. Le seul avantage de ces places, a priori, était leur prix plutôt bas.

Le Jour-J à l’Heure-H, je me présente à la grand-messe. Le stade de 12 000 places est presque plein. À ma grande surprise, la place que je trouve est plutôt bien située: à mi-hauteur, derrière un des paniers. Et le spectacle commence bien avant la partie. Les cheerleaders remplacent avantageusement les enfants de cœur. On apprécie aussi le fait de pouvoir manger des aliments encore pires qu’une hostie dans un bâtiment religieux. Quant à Wilbur et Wilma, ils ont nettement plus d’énergie qu’un bonze!

Je me rends vite compte que le vrai spectacle est dans la foule, juste devant moi. Et c’est là que ma place gagne soudainement en valeur. La section devant la mienne s’appelle la Zona Zoo. Comme le nom l’indique, on offre des billets bon marchés pour de bonnes places à des étudiants pour qu’ils... transforment l’endroit en zoo. Avec le gros orchestre situé dans la section, les chansons, les invectives se suivirent, sans parler des gestes non recommandés aux enfants. Sans parler de la pratique de tourner le dos au terrain lors de l’entrée de l’équipe adverse, ou de celle de rester debout toute la partie!

Certes, il y a aussi eu la partie de, euh... ah oui, de basketball. Les Wildcats ont gagné sans problème. Mais le vrai spectacle était ailleurs, dans la foi indisciplinée des parfaits.

A casual stroll through the lunatic asylum shows that faith does not prove anything.
- Friedrich Nietzsche

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Que de souvenirs les parties de basket à la USA. En lisant ton texte Julien, je me suis remise à vivre les matchs des Utes de l'Université d'Utah que j'y suis aller étudier une session... C'est toujours agréable de te lire, continue et à bientôt!

Je t'envoie un gros calin,

Kim

Anonyme a dit...

texte écrit le jour de Pâques... les images religieuses en prime!
BP